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samedi 24 janvier 2009

Roger Karoutchi: un coming-out très politique

Mais qu'est-ce qui fait sortir Roger Karoutchi du placard? A 57 ans, le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement est le premier ministre français à évoquer publiquement son homosexualité. "J'ai un compagnon et je suis heureux avec lui. Comme je suis bien, je ne vois pas pourquoi il faudrait que je le cache", déclare-t-il dans un communiqué.

Le ministre fait ses confidences au magazine de mode "L'Optimum" en kiosque ce 24 janvier 2009, participera à l'émission "Sept à huit" de TF1 ce dimanche 25 janvier, et mentionne le sujet dans un essai à paraître début février.

Roger Karoutchi vient-il de trouver le bonheur en amour et veut-il que tous les Français le sachent? Ou a-t-il soudain pensé que son exemple pourrait illuminer les vies de jeunes homosexuel(le)s?

On ne le saura pas. Mais comme Bertrand Delanoë, Roger Karoutchi rend son homosexualité publique avant des élections. Le sénateur socialiste et futur maire de Paris lorgnait déjà sur la capitale quand il a déclaré en 1998 "Je suis homosexuel". Roger Karoutchi, lui, est ministre et conseiller régional d'Ile-de-France, et surtout il se verrait bien tête de liste UMP aux élections régionales d'Ile-de-France en 2010. Pour cela, il devra éliminer Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur mariée et mère de trois enfants, aux primaires franciliennes prévues les 22 et 23 mars 2009. De là à penser que ce coming-out vise avant tout à déminer le terrain avant le scrutin...

D'autres politiques ont évoqué leur homosexualité: feu le sénateur-maire socialiste de Pau André Labarrère n'en faisait pas secret et l'a dit en 1998; le conseiller municipal UDF Philippe Meynard l'a révélé publiquement en 1999 et est devenu maire de Barsac en Gironde en 2004, l'adjoint socialiste à la culture de Paris Christophe Girard a écrit en 2006 qu'il était "homosexuel et père"; et l'ex-conseiller général RPR Jean-Luc Romero a été outé en 2000 puis en a parlé.

Mais force est de constater que les coming-out politiques relèvent plus souvent de la stratégie électorale que du militantisme LGBT. A quand les politiques vraiment décomplexés sur leur homosexualité? Et aussi, à quand les lesbiennes déclarées en politique? Car s'il y a eu d'hommes politiques ouvertement gay, chez les femmes c'et le néant.
La visibilité est cruciale dans le combat pour l'égalité.

Karoutchi: Pécresse invoque le droit à l'indifférence

Les réactions au coming-out de Roger Karoutchi (nouvelles réactions ajoutées).

  • Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, et rivale UMP de Roger Karoutchi pour les élections régionales en Ile-de-France:
    "C'est quelque chose qui relève de sa vie privée. Je crois vraiment qu'il y a un droit à l'indifférence pour les hommes politiques sur leur vie privée et que l'on doit pouvoir avoir la vie privée que l'on souhaite, avoir la vie privée que l'on a (...) et faire de la politique sans que ce soit, ni un handicap, ni quelque chose de difficile à assumer" (Le Talk Le Figaro/Orange, 23/01/2009)

  • Le député européen socialiste Harlem Désir, probable tête de liste du PS en région Ile-de-France pour les élections européennes de juin 2009:
    "Nous allons le combattre politiquement, mais en tant qu'homme je trouve que c'est bien qu'il le fasse (...) J'espère (...) qu'il n'y aura pas de regard différent sur lui". "C'était très pudique (...) Peut-être qu'il a voulu prévenir dans sa famille politique un mauvais coup" (dans "Dimanche soir Politique" France-Inter/Le Monde/i-télé)

  • Jean-Luc Roméro, conseiller régional d'Ile-de-France, outé en 2000, premier homme politique français à évoquer publiquement sa séropositivité:
    "C'était certes un secret de Polichinelle dans le milieu politique et médiatique parisien, mais c'est une très bonne décision que prend Roger Karoutchi (...) Alors qu'il a été, à près de 60 ans, toujours discret sur les questions liées à l’homosexualité, son annonce lui permettra -je l’espère et je veux aujourd’hui lui faire confiance-, de pouvoir désormais intervenir quand des parlementaires de la majorité tiennent des propos homophobes et de faire avancer l’UMP sur la question de l’égalité homo-hétéro".

  • Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée:
    "C'est quelqu'un d'une très grande sensibilité, d'une très grande sincérité. Dans la bataille pour les régionales, il voulait dire la vérité à ses électeurs, il avait besoin qu'ils sachent qui il est. C'est éminemment respectable" ("Le Parisien-Aujourd'hui en France, 25/01/2009).

  • Eric Woerth, ministre (UMP) du Budget:
    "C'est un non-événement. Qu'on soit homosexuel ou pas ne doit rien changer au regard des autres. C'est ça une société moderne et évoluée. Ce qui est important, c'est de dire qui on est (...) Je ne fais pas de différence entre les gens. C'est sa vie personelle. Nul n'a à la juger (...) Il dit quelle est sa vie personnelle. c'est courageux et c'est très bien" (sur Radio-J, 25/01/2009).

  • GayLib, mouvement de défense des droits des homosexuels au sein de l'UMP:
    "GayLib tient à souligner le courage politique de Roger Karoutchi et lui exprimer sa reconnaissance (...) Le ministre démontre, si cela était nécessaire, que si chacun demeure libre de ne pas faire état de sa sexualité, il ne doit pas y avoir pour autant de raisons de la taire!
    Cet ami de Gaylib fait honneur à des millions de concitoyens et concitoyennes de notre pays. Son acte courageux permettra, espérons le, en donnant une plus grande visibilité aux citoyens LGBT, de donner un signal positif aux jeunes gays et lesbiennes qui souffrent encore trop souvent dans notre pays de l’homophobie au
    quotidien (...) GayLib souhaite que d’autres personnalités suivent cet exemple
    ".

-Lire aussi sur LToutes: "Karoutchi: un coming-out très politique" (24/01/2009)

jeudi 22 janvier 2009

De la prison avec sursis pour une agression lesbophobe

La Cour d’Appel de Montpellier a condamné mercredi 21 janvier l'agresseur de Julie, lesbienne de 24 ans, à trois mois de prison avec sursis, à 1.500 euros de dommages et intérêts et à 600 euros de remboursement d'honoraires d’avocat. Le caractère lesbophobe de l'agression a été retenu par le juge.

Le "Collectif contre l’homophobie Montpellier" a "pris acte" dans un communiqué de cette décision, qui vient contredire le jugement de première instance. "En ayant le courage de témoigner à visage découvert, Julie a incarné la double discrimination que subissent en silence de nombreuses femmes: le sexisme et la lesbophobie", souligne son président Hussein Bourgi.

Le 1er avril 2008 à Montpellier, Julie avait été violemment agressée dans la rue par un de ses voisins. Il lui avait porté de violents coups de poings et de pieds à la tête accompagnés de propos lesbophobes avant de prendre la fuite. Bilan: un visage tuméfié et trois semaines d’arrêt de travail.

Le 18 avril 2008, le Tribunal Correctionnel de Montpellier avait pourtant relaxé l'agresseur, grâce à un alibi si douteux que le parquet avait immédiatement interjeté appel.

En appel, Me Luc Abratkiewicz, l’avocat de Julie, a démonté cet alibi, qui reposait sur le témoignage d’amis, affirmant qu’il regardait un match de football chez eux au moment de l'agression. Or, après vérification, ces amis n’avaient pas de décodeur permettant de capter la chaîne diffusant le match de football en question...

L’avocat général de la Cour d’appel avait requis une condamnation de principe "suffisamment forte", en laissant le soin à la juridiction de la fixer.

PMA: la France, mauvaise élève de l'Europe


"La France fait partie des pays qui limitent le plus strictement l'accès à l'assistance médicale à la procréation", selon un rapport du Sénat publié en janvier 2009. Celui-ci a été réalisé dans le cadre de la préparation de la révision de la loi bioéthique de 2004.

"L'accès à l'assistance médicale à la procréation constitue l'une des questions les plus fréquemment soulevées", soulignent les auteurs de ce rapport, qui se dont donc intéressés aux règles en vigueur dans huit pays européens: l'Allemagne, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suisse. (Pour plus de détails, LToutes a fait un tour d'Europe de la PMA)

Résultat: "l'Allemagne, l'Italie et la Suisse sont les seuls pays qui, comme la France, réservent l'assistance médicale à la procréation aux couples hétérosexuels", mariés ou non.

En revanche, "en Belgique, au Danemark, en Espagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, les femmes seules ainsi que les couples homosexuels féminins peuvent bénéficier de l'assistance médicale à la procréation", souligne le rapport. Et "cette faculté existe depuis de nombreuses années dans tous ces pays, sauf au Danemark, où elle a été introduite en 2006".

De là à ce que cela donne des idées aux parlementaires français...

Petit tour d'Europe de la PMA


FRANCE:
En France, l'assistance médicale à la procréation est réservée à un couple composé d'un homme et d'une femme, en âge de procréer, mariés ou vivant ensemble depuis au moins deux ans. Ces dispositions excluent donc les femmes seules ainsi que les couples de lesbiennes.

ALLEMAGNE:
Les directives de l’Ordre fédéral des médecins précisent que les différentes techniques d’assistance médicale à la procréation sont en principe réservées aux couples mariés, mais qu’une femme non mariée peut en bénéficier si son médecin traitant estime qu’elle et l’homme avec lequel elle vit forment un couple stable, et que l’enfant sera élevé par une mère et un père.
Cette disposition exclut donc les célibataires et les couples homosexuels.

BELGIQUE:
Les règles d'accès à la PMA sont fixées par la loi du 6 juillet 2007. Les femmes célibataires et les couples de lesbiennes ont accès à l’assistance médicale à la procréation, la décision d’entreprendre le traitement revenant à l’équipe médicale, à qui la loi permet d’invoquer la clause de conscience.
Avant l’adoption de la loi, toutes les femmes avaient déjà accès à l’assistance médicale à la procréation, indépendamment de leur choix de vie. En effet, depuis octobre 1992, le code de déontologie médicale mentionne l’information détaillée qui doit être fournie "aux personnes et aux couples qui désirent recourir à une procréation assistée".
Dans sa version de 1975, l’article du même code relatif à la procréation assistée évoquait "la femme et son mari".
De nombreuses lesbiennes françaises vont en Belgique pour avoir accès aux techniques de PMA: ce sont les "bébés thalys".

DANEMARK:
Alors que la loi de 1997 sur la fécondation artificielle réservait le bénéfice des techniques d’assistance médicale à la procréation aux femmes mariées ou vivant au sein de couples hétérosexuels stables, une loi de 2006 a supprimé cette disposition. Les femmes célibataires et les couples de lesbiennes ont donc accès à l’assistance médicale à la procréation.
Auparavant, les célibataires et les couples homosexuels avaient recours à des prestataires non inclus dans le champ d’application de la loi, qui régit les seuls actes réalisés par des médecins ou sous la responsabilité de médecins. Plusieurs sages femmes s’étaient donc spécialisées dans l’assistance médicale à la procréation des femmes que la loi excluait du bénéfice de ses dispositions.
La loi subordonne l’accès à l’assistance médicale à la procréation à la capacité de la femme (ou du couple) qui demande à en bénéficier à élever l’enfant. C’est le médecin responsable du traitement qui donne son accord. En cas de doute, il peut demander l’avis du médecin traitant de l’intéressée ou des services sociaux.

ESPAGNE:
L’article de la loi de 2006 dispose que toute femme majeure et capable peut bénéficier des techniques d’assistance médicale à la procréation "indépendamment de son état civil et de son orientation sexuelle". Les femmes célibataires et les couples de lesbiennes ont donc accès à l’assistance médicale à la procréation.
Une loi de 1988 comprenait déjà une disposition similaire.

ITALIE:
La loi du 19 février 2004 sur la procréation médicalement assistée réserve l’accès à ces techniques aux couples hétérosexuels, mariés ou non. Dans le second cas, la loi n’exige pas que les intéressés prouvent la stabilité de leur relation.
Elle reprend peu ou prou les dispositions du code de déontologie des médecins de 1998, qui interdit aux médecins la réalisation de "toute forme de fécondation assistée à l’extérieur des couples hétérosexuels stables".

PAYS-BAS:
La loi du 2 mars 1994 sur l’égalité de traitement interdit aux prestataires de soins de pratiquer quelque discrimination que ce soit. Par conséquent, l’orientation sexuelle ne peut limiter l’accès à l’assistance médicale à la procréation.
En 2000, la Commission pour l’égalité des droits, qui veille au respect de la loi de 1994, a réalisé une enquête sur l’accès à l’assistance médicale à la procréation. Elle a constaté que sur les treize établissements habilités à offrir de telles prestations, huit refusaient de traiter les femmes seules et quatre pratiquaient une discrimination, directe ou non, envers les couples de lesbiennes. La commission avait alors dénoncé ces pratiques.

ROYAUME-UNI:
La loi de 1990 relative à la fécondation et à l’embryologie humaine ne contient pas d’indication explicite sur ce point : a priori, toute personne peut bénéficier de l’assistance médicale à la procréation.
L’accès est ainsi ouvert non seulement aux couples hétérosexuels, mariés ou non, mais aussi aux femmes seules ainsi qu’aux couples de lesbiennes.
L’article 13 de la loi mentionnait toutefois que le bien-être de l’enfant à naître "y compris le besoin de cet enfant d’avoir un père" devait être pris en compte avant toute assistance médicale à la procréation.
La loi de 2008 ne comprend plus aucune référence à l’orientation sexuelle du couple: ses dispositions mentionnent par exemple la femme qui va bénéficier du traitement et "l’homme ou la femme qui va être traité avec elle" ou "le second futur parent".
Elle amende aussi l’article 13 en remplaçant la référence au besoin de l’enfant à naître d’avoir un père par "le besoin de l’enfant de bénéficier d’une éducation parentale qui l’aide à grandir".

SUISSE:
L’article 3 de la loi fédérale sur la procréation médicalement assistée de 1998 réserve l’assistance médicale à la procréation aux couples "à l’égard desquels un rapport de filiation peut être établi et qui (…) paraissent à même d’élever l’enfant jusqu’à sa majorité".
Ainsi, les couples hétérosexuels non mariés, mais stables, peuvent bénéficier de l’accès médicale à la procréation au même titre que les couples mariés. Toutefois, seuls ces derniers peuvent bénéficier d’un don de sperme. Les célibataires et les couples homosexuels sont donc exclus de l’assistance médicale à la procréation.


mardi 20 janvier 2009

Une lesbienne à la tête des Verts autrichiens

Ulrike Lunacek, 51 ans, a été choisie pour diriger la liste des Verts autrichiens aux élections européennes prévues en juin prochain.
Cette lesbienne déclarée, membre du Parlement autrichien, a été désignée avec 54,7% des voix par les militants, devant son rival Johannes Voggenhuber le 18 janvier 2009.

C'est la première fois qu'une lesbienne déclarée dirige ainsi la campagne d'un grand parti européen.

dimanche 18 janvier 2009

Obama: un ami à la Maison Blanche

Barack Obama sera-t-il à la hauteur des espérances placées en lui par les lesbiennes et les gays? La communauté homosexuelle américaine veut le croire, même si l'enthousiasme suscité par la victoire du candidat démocrate à l'élection présidentielle du 4 novembre 2008 a été un brin douché par des décisions récentes du président-élu.

- Pour aller plus loin sur LToutes: "Ce que les homos attendent d'Obama"; "Une lesbienne virée de l'armée au Kansas" (10/02/2009)

Le choix du pasteur homophobe Rick Warren pour délivrer la prière de la prestation de serment, lors de la cérémonie d'investiture à Washington mardi a scandalisé la communauté LGBT. Ce prédicateur avait en effet qualifié le mariage gay d'"équivalent moral du mariage entre frères et soeurs", et fait activement campagne en faveur de l'interdiction du mariage homosexuel en Californie ("proposition 8"), finalement adoptée le 4 novembre 2008.

"En invitant Rick Warren à votre investiture, vous avez terni l'idée que les Américains qui sont gays, lesbiennes, bisexuels et transgenres (LGBT) ont une place à votre table", avait vivement réagi le président de l'organisation américaine de défense des homosexuels, Human Rights Campaign, Joe Solmonese, dans un communiqué. L'adoption de la Proposition 8 "est la plus grosse perte soufferte par notre communauté depuis quarante ans", avait-il rappelé, en ajoutant: "le révérend Warren n'est pas un pasteur modéré" et "il a souvent joué le rôle de général dans la guerre culturelle contre la communauté LGBT".

"Je suis un ardent défenseur de l'égalité des gays et des lesbiennes américains, ce n'est pas un secret", avait rétorqué Barack Obama le 18 décembre, justifiant sa décision par sa volonté de "rassembler" des Américains aux points de vue différents.

Alors que deux homosexuels étaient sur les rangs pour entrer dans la nouvelle administration -John Berry pour le ministère de l'Intérieur et Mary Beth Maxwell pour celui du Travail-, gays et lesbiennes ont là aussi été déçus. Le président-élu a opté pour d'autres personnalités, hétéros celles-là. Nancy Sutley est la seule lesbienne à avoir été nommée à un poste important. Elle présidera le Conseil sur la qualité de l'environnement, chargé de conseiller le président et le vice-président américains sur les questions environnementales nationales et internationales.

Devant la colère des homosexuels, Barack Obama a fait quelques gestes ces derniers jours: deux lesbiennes devaient ainsi faire partie des 16 familles américaines devant l'accompagner dans un train de Philadelphie à Washington. Une fanfare gay et lesbienne, la Lesbian and Gay Band Association (LGBA), jouera également mardi dans le cadre de la parade d'inauguration. Enfin, le premier évêque ouvertement gay de l'église épiscopale, Gene Robinson, donnera le coup d'envoi des cérémonies d'investiture, en officiant dimanche au Lincoln Memorial de Washington.

Au-delà des polémiques de ces dernières semaines, Barack Obama n'en sera pas moins le président le plus "homophile" de l'histoire des Etats-Unis. Pendant sa campagne, il s'est clairement prononcé en faveur des droits des homosexuels, prenant des engagements qu'il a réaffirmés après son élection.

"Bien que nous ayons fait beaucoup de chemin depuis les émeutes de Stonewall en 1969, nous avons encore énormément de travail", expliquait-il le 1er juin 2007. "Trop souvent, la question des droits LGBT est exploitée par ceux qui cherchent à nous diviser. Mais il s'agit en réalité de se poser la question de qui nous sommes en tant qu'Américains. Il s'agit de se demander si cette nation sera à la hauteur de la promesse d'égalité faite lorsqu'elle a été fondée, de traiter tous ses citoyens avec dignité et respect", ajoutait-il.

Si le candidat démocrate ne manquait une occasion de rappeler qu'il est issu d'un mariage mixte qui était illégal dans certains Etats américains au moment de sa naissance, il ne faut pas attendre du président la légalisation du mariage gay aux Etats-Unis. Estimant que la question relève des seuls Etats, il est opposé à une loi fédérale sur le sujet, et préfère plaider pour des "unions civiles" ouvrant aux homosexuels les mêmes droits que le mariage.

Le président-élu s'est aussi engagé à lutter contre les discriminations liées à l'orientation sexuelle, à punir plus durement les crimes homophobes et à abolir le "don't ask, don't tell" en vigueur dans l'armée américaine. Il est également favorable au droit à l'adoption pour les lesbiennes et les gays. Loin, très loin, donc, d'un George W. Bush.

Ce que les homos attendent d'Obama

Mariage, adoption, discrimination, justice, armée, sida... LToutes fait le point des questions sur lesquelles lesbiennes et gays peuvent espérer de Barack Obama des avancées. Ou pas.

- Lire aussi sur LToutes: "Obama: un ami à la Maison Blanche"; "Une lesbienne virée de l'armée au Kansas" (10/02/2009)

  • ARMEE:
    Pendant la campagne, Barack Obama s'est prononcé pour la suppression du principe hypocrite du "Don't ask, don't tell" ("ne demandez pas, ne dites pas") en vigueur dans l'armée: les homosexuels peuvent s'engager dans l'armée... tant qu'ils ne révèlent pas qu'ils sont lesbiennes ou gays.
    S'ils font leur "coming-out" -ou sont dénoncés-, ils sont exclus, comme cela a été le cas pour 12.500 d'entre eux depuis la mise en place de cette doctrine en 1993.
    Pour Barack Obama, seuls devraient compter "le patriotisme, le sens du devoir et la volonté de servir" pour juger de l'aptitude d'un soldat. Il souligne au passage sur son site Internet de transition que 300 interprètes, dont 50 de langue arabe, ont été exclus de l'armée en raison de leur orientation sexuelle.
    Le président-élu a précisé qu'il entendait "travailler avec les militaires" sur ce point, même si son entourage a confirmé récemment que la suppression pure et simple du "don't ask, don't tell" était bien l'objectif.
    Mais le nouveau président américain risque de tomber sur un os. Déjà avant lui, le président démocrate Bill Clinton avait tenté en 1993 de pousser l'armée américaine à accepter les homosexuels dans ses rangs, ce qui avait abouti au... "don't ask, don't tell". D'après une enquête réalisée début décembre par le groupe de presse américain Military Times auprès de quelque 2.000 lecteurs militaires d'active, 58% sont opposés à l'ouverture de l'armée américaine aux homosexuels. Seuls 29% s'y disent favorables.

  • DISCRIMINATION:
    Pendant la campagne, Barack Obama a souhaité que la loi contre la discrimination à l'emploi concerne également les homosexuel(le)s, travesti(e)s et transsexuels. Un projet de loi en ce sens (Employment Non Discrimination Act, ENDA) est actuellement bloqué au Congrès. Barack Obama avait déjà soutenu une proposition de loi au Sénat de l'Illinois pour interdire la discrimination à l'emploi fondée sur l'orientation sexuelle.

  • CRIMES HOMOPHOBES:
    Barack Obama souhaite que la loi fédérale inclue l'orientation sexuelle dans les circonstances aggravantes des crimes. Il soutient donc le "Matthew Shepard Hate Crime Act", du nom d'un jeune gay assassiné en 1998, qui modifie la loi fédérale sur les crimes de haine pour y inclure les crimes commis à raison de l'orientation sexuelle de la victime. Ce texte est pour l'heure bloqué au Congrès en raison du veto de George W. Bush. En 2004, les crimes homophobes représentaient 15% des crimes de haine commis aux Etats-Unis.

  • UNIONS CIVILES:
    Barack Obama est favorable à des "unions civiles" pour les gays et lesbiennes, qui leur donneraient exactement les mêmes droits et obligations que le mariage hétéro. Il souhaite également abolir le Defense Of Marriage Act (DOMA) adopté en 1996, qui impose aux autorités fédérales de retenir comme définition du mariage l'union entre un homme et une femme.
    Le DOMA empêche ainsi des couples homosexuels légalement mariés dans un Etat de bénéficier des prestations attribuées par l'Etat aux couples hétéros mariés. Cela permet aussi à un Etat de ne pas reconnaître les mariages homosexuels célébrés ailleurs dans le pays, comme dans le Massachusetts ou le Connecticut.

  • MARIAGE:
    Pendant la campagne, Barack Obama s'est prononcé contre le mariage homosexuel, mais il avait aussi voté en 2006 contre un amendement constitutionnel interdisant le mariage entre deux personnes du même sexe au niveau fédéral. Il estime que la décision sur le mariage gay appartient à chaque Etat.
    "Je respecte le fait que les couples homosexuels considèrent que, même s'ils ont les mêmes droits" avec une union civile, "ce ne sera quand même pas l'égalité, puisqu'il y aura une stigmatisation liée au fait de ne pas avoir droit au terme de 'mariage'", concédait Barack Obama dans une interview accordée en avril 2007 au magazine américain "Advocate" et diffusée sur leur site en décembre. "Je comprends cela, mais mes objectifs sont aussi contraints par un contexte politique et historique", a-t-il expliqué.

  • ADOPTION:
    Barack Obama est favorable au droit à l'adoption pour les couples gays et lesbiens. "Nous devons en finir avec la discrimination à l'encontre des familles LGBT", avait-il dit pendant la campagne. Pour autant, il n'a encore pas présenté de proposition concrète.

  • HIV-SIDA:
    Durant la première année de son mandat, Barack Obama entend mettre en place un plan fédéral contre le Sida. L'objectif est de développer la prévention, d'améliorer l'accès aux soins, d'améliorer l'éducation sur la contraception et de lutter contre les contaminations en prison. Il souhaite en particulier lutter contre la propagation du Sida chez les femmes.