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vendredi 8 avril 2011

Le Sénat ouvre l'AMP aux lesbiennes



Les "bébés Thalys", conçus par des lesbiennes françaises en Belgique faute d'avoir accès à l'assistance médicale à la procréation (AMP) en France, appartiendront-ils bientôt au passé? Pas sûr, mais le Sénat a quand même fait rêver bien des couples de femmes jeudi soir en adoptant, de justesse, un amendement ouvrant l'AMP à tous les couples, et plus seulement aux seuls hétéros.

Pourtant, le ministre de la Santé Xavier Bertrand a tenté de s'y opposer, en estimant que "le constat d'infertilité" devait rester "la condition d'accès à l'AMP". "Le gouvernement n'est pas prêt à suivre cette logique", a-t-il prévenu. Les sénateurs sont passés outre.


"Les Belges ont dû mettre en place, dans leurs cliniques de fertilité, des procédures particulières pour les Français qui veulent un "bébé Thalys" et appellent à ce que nous modifiions notre législation en la matière", a souligné la sénatrice (Verts) Alima Boumediene-Thiery.

Même le rapporteur UMP du projet de loi de bioéthique, Alain Milon, a voté l'amendement déposé par le groupe socialiste, "car il me paraît conforme à la réalité de la société française", a-t-il expliqué.

HES (homosexualités et socialisme) a salué ce vote, en souhaitant "que la suite de la discussion parlementaire ne permette pas aux conservateurs de revenir sur cette avancée".

Le gouvernement y étant hostile, il est de fait peu probable que le texte soit conservé lors de son passage à l'Assemblée nationale, à majorité UMP, avant son retour au Sénat. Dès l'adoption de l'amendement, la sénatrice UMP Marie-Thérèse Hermange ne s'est-elle pas (finement) exclamée: "Bravo! On fera des couples avec trois pères!"

L’AMP n’est ouverte en France qu’aux couples hétérosexuels stériles. De nombreux couples de femmes se rendent donc en Belgique, aux Pays-Bas ou en Espagne, où s'est développé un véritable marché de l'insémination artificielle. Peut-être plus pour longtemps.

Dans son projet pour la présidentielle de 2012, rendu public cette semaine, le PS s'engage à ouvrir le mariage aux homosexuels, à les autoriser à adopter et à leur permettre d'accéder à l'assistance médicale à la procréation. Des propositions soutenues par les Français, selon un sondage BVA pour 20 minutes rendu public jeudi: 59% des Français sont favorables au mariage homo, et 53% à l'ouverture de l'adoption.

lundi 4 avril 2011

Nora Berra provoque la colère des homos



"L'homosexualité est un facteur de risque pour le VIH": prononcée par la secrétaire d'Etat à la Santé Nora Berra le 30 avril devant les sénateurs, la petite phrase a provoqué un tollé. Aujourd'hui, l'intéressée plaide "l'incompréhension"... et dénonce les "professionnels de la polémique".

C'est lors d'un débat sur le projet de loi sur la bioéthique en commission des Affaires sociales que Mme Berra s'est opposée à un amendement du rapporteur (UMP) Alain Milon précisant que "nul ne peut être exclu du don en raison de son orientation sexuelle". "Il ne s'agit pas d'exclusion mais de contre-indication, qui s'explique par un risque sanitaire avéré", argumente-t-elle. Certes, mais "c'est au médecin d'apprécier une contre-indication et l'orientation sexuelle ne saurait motiver une exclusion du don", rétorque Milon.

Nora Berra répond alors: "la loi ne discrimine personne mais prend en compte les données épidémiologiques, selon lesquelles par exemple l'homosexualité est un facteur de risque pour le VIH, donc une contre-indication de don".


Des propos "insupportables" pour Pierre Bergé. "Il n’y a pas de population à risque, il n’y a que des pratiques à risque", a rappelé le président du Sidaction sur France-3. "Scandalisé", Homosexualités et socialisme (HES) dénonce un "dérapage sans excuse", commis qui plus est à la veille du Sidaction.



Très attristée", Nora Berra a assuré sur RTL que ses propos avaient été "mal interprétés". "A aucun moment je n'ai voulu stigmatiser ni cibler des populations en particulier", a-t-elle insisté. "Je ciblais bien évidemment les comportements qui peuvent être plus exposants".

"Que ceux qui laissent planer une accusation d’homophobie infondée, offensante et particulièrement grave à mon encontre se renseignent avant de porter l’anathème à des fins partisanes", s'indigne-t-elle sur son blog, en dénonçant les "professionnels de la polémique". Et de "rappeler (s)on engagement personnel de près de 20 ans, en tant que médecin puis femme politique, aux côtés des patients atteints par le VIH/SIDA et dans la prévention de la maladie".

"Le vrai sujet, c'est: est-ce qu'en 2011 il est toujours normal d'interdire aux gays de donner leur sang?", a souligné sur RTL Jean-Luc Romero, président de l'association Elus locaux contre le Sida. Les hommes homosexuels sont exclus en France du don de sang et d’organes, ce que les autorités sanitaires justifient par une prévalence de l’infection par le VIH beaucoup plus élevée que dans la population hétérosexuelle.