Enfin! L'Assemblée nationale a définitivement adopté mardi, par 331 voix contre 225, la loi sur le "mariage pour tous", qui ouvre le droit au mariage et à l'adoption aux couples homosexuels. La France devient ainsi le 9e pays européen, et le 14e dans le monde, à autoriser le mariage des gays et des lesbiennes.
"Submergée par l'émotion", la ministre de la Justice Christiane Taubira a salué "un texte généreux", alors que la droite avait déjà quitté l'hémicycle. "Nous savons que nous n'avons rien pris à personne", a-t-elle insisté.
"Nous n'avons rien pris à personne"
Mme Taubira s'est adressée à "ceux qui ont été blessés" lors de ce débat houleux, et notamment aux "adolescents, et aux adolescentes" qui "ont découvert une société où une sublimation des égoïsmes permettait à certains de manifester bruyamment contre les droits des autres": "si vous êtes pris de désespérance, balayez tout cela. Ce sont des paroles qui vont s'envoler (...) Gardez la tête haute. Vous n'avez rien à vous reprocher".
Ce débat s'est achevé avec un dernier incident puisqu'une personne a tenté de dérouler une banderole hostile au texte juste avant le vote. "Sortez-moi ces excités de l'Assemblée! Les ennemis de la démocratie n'ont rien à faire dans l'hémicycle", a alors ordonné le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone.
Premiers mariages en juin
Le projet de loi doit encore être promulgué par le président François Hollande, puis soumis au Conseil constitutionnel, l'opposition ayant annoncé son intention de le saisir. Selon Christiane Taubira, les premiers mariages pourraient avoir lieu "courant juin". Certains maires menacent déjà de ne pas célébrer des mariages homosexuels. "Personnellement je ne procéderai pas à ce mariage", a ainsi prévenu Patrick Ollier (UMP) sur LCP.
La députée communiste Marie-George Buffet a en revanche fait part de sa "hâte de pouvoir célébrer les premiers mariages de celles et ceux qui me l'ont déjà demandé". "Marions-les! Marions-les dès l'été", a-t-elle lancé. Jean-Luc Romero, d'ailleurs, n'a pas traîné en annonçant son prochain mariage sur twitter: "Enfin! Avoir dû attendre 53 ans pour se marier! Maintenant, il ne nous reste plus qu'à préparer le mariage".
Même la Première dame Valérie Trierweiler s'est fendue d'un tweet de réaction: "décidément, j'aime beaucoup le 23 avril. Celui-ci encore davantage. #Jour historique".
Oublier la vague d'homophobie
C'est avec beaucoup d'émotion que le député EELV Noël Mamère, qui avait célébré le premier mariage homosexuel en France en 2004 à Bègles sous un déluge d'insultes, s'est exprimé mardi. "La France n'est qu'en train de rattraper son retard", a-t-il rappelé, en soulignant que le Danemark, lui, avait voté le mariage gay en 1989. Ce texte n'est voté en France qu'en 2013, "dans le bruit, la fureur et la haine homophobe. Nous n'avons pas à être fiers de nous", a lancé celui qui a "encore dans l'oreille ceux qui, devant la mairie de Bègles, criaient "les pédés en camps de concentration'".
De fait, pour beaucoup d'homos, la fête qui s'annonce sera sans doute ternie par la vague homophobe qu'ils ont dû subir ces derniers mois et qu'ils ne sont pas près d'oublier.