Nicolas Sarkozy n'est "pas favorable" au mariage des couples homosexuels. Cela "ouvrirait la porte à l'adoption" et pourrait "brouiller l'image de cette institution essentielle qu'est le mariage", se justifie le président sortant et candidat présumé à sa propre succession dans un entretien au "Figaro Magazine" daté du 11/02/2012.
L'ouverture du mariage à tous risquerait surtout de fracturer la majorité au pouvoir à quelques encâblures de la présidentielle (22 avril/6 mai 2012). Car à en croire un sondage BVA de janvier pour "Le Parisien"/"Aujourd'hui en France", 51% des sympathisants de droite sont pour le mariage homo, et 44% pour l'adoption, deux mesures inscrites dans le programme présidentiel socialiste.
Toutes tendances politiques confondues, 63% des Français sont d'accord pour que les couples lesbiens et gays se marient (contre 48% en 2000), et 56% également pour qu'ils puissent adopter (28% en 1998).
"Je sais qu'il existe, de fait, des situations particulières avec des hommes et des femmes qui assument parfaitement leur rôle parental. Mais elles ne m'amènent pas à penser qu'il faudrait inscrire dans la loi une nouvelle définition de la famille", explique Nicolas Sarkozy.
Sarkozy rappelle qu'il avait proposé en 2007 "un contrat d'union civile" (CUC!) mais affirme qu'il était "inconstitutionnel" de le réserver "aux seuls homosexuels" et "aurait porté atteinte à l'institution du mariage". "Cependant, j’ai veillé à garantir aux homosexuels les mêmes avantages en termes de succession et de fiscalité qu’aux couples mariés, mais dans le cadre du PACS", insiste-t-il. Son projet de statut du beau-parent a aussi été enterré pour ménager les plus à droite du parti présidentiel.
Comme pour préparer le "non" de Sarkozy au mariage homosexuel, son Premier ministre, François Fillon, réitérait son opposition il y a quelques jours sur France 2, au nom de "la sécurisation des enfants" (*).
A l'heure où François Hollande apparaît comme le favori de la présidentielle dans les sondages, et même si le candidat socialiste a tout sauf déjà gagné la partie, Sarkozy peut être tenté de donner des gages à l'aile la plus réactionnaire de la droite pour chasser sur les terres frontistes. Quitte à investir un Christian Vanneste, pour qui l'homosexualité représente une menace pour l'humanité, aux législatives de juin prochain dans le Nord, alors qu'il avait été jugé trop sulfureux pour porter l'étiquette UMP en 2007.
* Les estimations varient sur le nombre d'enfants de familles homoparentales: de plus de 30.000 selon l'INED (Institut national d'études démographiques), qui reconnaît ne pas disposer des outils adaptés à cette question, à 300.000 selon l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), qui tente de prendre en compte des configurations très diverses.
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