L'homoparentalité? Pour l'Eglise, c'est toujours non, au nom du "principe de précaution". La Conférence des évêques de France dit dans un communiqué publié lundi 9 mars tout le mal qu'elle pense de l'avant-projet de loi sur le statut du tiers, qu'elle accuse de mener à la reconnaissance de l'homoparentalité.
"Au détour d’un texte et sous couvert de la question de l’autorité des beaux parents, on donne un statut parental et conjugal aux unions entre partenaires du même sexe", accuse-t-elle. "Remplacer dans un texte de loi 'père et mère' par 'parents' est loin d’être anodin!", souligne-t-elle aussi. "L’étape suivante ne sera-t-elle pas d'autoriser l’adoption pour" les gays et les lesbiennes?
Or, l'Eglise de France estime qu'"aucun élément scientifique et sérieux ne permet de dire qu'il n'y aurait aucun dommage à ce qu'un enfant soit élevé par deux hommes ou par deux femmes plutôt que par un homme et une femme". Dans ces conditions, "il faudrait au moins appliquer le principe de précaution".
L'avant-projet de loi sur le statut du tiers a relancé le débat sur l'homoparentalité, avec une levée de boucliers à droite. Christine Boutin ou le Front national sont aussitôt montés au créneau, au point que le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand a assuré vendredi qu'il n'était "pas question dans ce texte de reconnaître autre chose que des droits aux beaux-parents". L'enjeu, "ça n'est certainement pas de rentrer dans une logique qui serait une logique de mariage homosexuel ou d'adoption par les couples homosexuels, ce ne sont pas mes convictions, ce ne sont pas les convictions de ma famille politique", a-t-il souligné.
Mais l'UMP est visiblement divisée. Outre la secrétaire d'Etat à la Famille Nadine Morano, qui défend le projet de loi, Valérie Pécresse a estimé qu'il fallait "protéger l'enfant" en cas de décès du parent biologique ou légal d'"un couple de même sexe". "Quand un couple de même sexe élève un enfant, si jamais il arrive quelque chose au parent biologique, au parent légal, qu'est-ce qu'il arrive à l'enfant, qui va s'en occuper? Donc là je crois qu'il faut qu'il y ait une loi qui protège l'enfant", a argumenté la ministre de l'Enseignement supérieur, alors que même que ce projet de loi ne prévoit pas cette protection.
L'ex-judoka et nouveau secrétaire national de l'UMP David Douillet a aussi estimé que le texte allait "dans le bon sens". "La famille, c'est absolument pas biologique", a-t-il affirmé.
Pourtant, comme le souligne l'avocate Caroline Mecary, ce texte ne mérite pas une telle polémique, car il est loin d'être une révolution pour les couples homosexuels: "cet avant-projet de loi permet quelque chose qui existe déjà, à savoir un partage de l'exercice de l'autorité parentale entre deux personnes dont l'une n'a pas de lien de sang avec l'enfant", résume-t-elle. Alors, pourquoi des réactions si violentes?
Sur son blog, Alain Piriou estime que la "campagne d'opposition" dans laquelle se sont lancées "Christine Boutin et la réacosphère (...) rappelle à bien des égards la campagne antipacs de 1998".
"L'outrance, c'est de faire croire que ce texte est un pas en avant vers l'adoption pour les couples de même sexe", alors que "l'avant-projet de loi ne touche pas à la filiation", rappelle-t-il, même s'il le "regrette". "On agite le spectre de l'homoparentalité, parce qu'il est certes le plus efficace pour mobiliser ses propres troupes. Mais, dans le fond, ce qui fait horreur, c'est l'introduction d'une reconnaissance de droits associés à une relation sociale détachée du biologique", estime l'ancien porte-parole de l'inter-LGBT. "Avec le partage de l'exercice de l'autorité parentale, on donne en effet la qualité de presque-parent à un individu qui n'est pas le géniteur".
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