
Si la Chine ne persécute plus systématiquement les homosexuels comme au temps de la Révolution culturelle, il n'est pas facile d'être lesbienne ou gay dans une société qui reste très conservatrice et avec un gouvernement qui ne veut tout simplement pas entendre parler des droits des homosexuels.
Selon le chercheur chinois Zhang Beichuan, cité par Human Rights Watch en 2005, 38% des lesbiennes et gays ont subi des violences physiques ou verbales en raison de leur orientation sexuelle. Et ceux qui osent vivre ouvertement leur homosexualité sont confrontés à la pression de leur famille et au harcèlement de la police: descentes dans les bars homos, courts séjours en prison ou amendes, l'homophobie ordinaire.
En revanche, les longs séjours de rééducation pour "hooliganisme", se font rares. Car dans ce domaine-là aussi, la Chine s'ouvre. Un peu. La sodomie n'y est plus un crime depuis 1997, et l'homosexualité plus une maladie mentale depuis 2001.
Le mariage gay fait même l'objet de débats publics. Plusieurs propositions en ce sens ont été soumises au Comité national de la conférence politique consultative du peuple chinois (CPPCC), sans succès jusque-là.

Le guide Utopia répertorie des lieux gays et lesbiens dans pas moins de 45 villes chinoises: associations, bars, boîtes, librairies, spas, restaurants...
Mais Pékin n'en est encore pas à promouvoir les droits des gays: il n'existe en Chine aucune loi contre l'homophobie et les autorités n'aiment guère les manifestations d'affirmation d'une "fierté" homosexuelle. En décembre 2005, le premier "Festival de culture gay et lesbien de Pékin", organisé dans un bar, a ainsi avorté après une descente de police. Prétexte avancé: il violait les lois sur la liberté d'expression et de rassemblement.
Internet reste de fait le principal vecteur d'information et de socialisation pour les gays et les lesbiennes, même si les sites qui se sont créés ces dernières années sont encore régulièrement fermés par les autorités.
Et alors même que les cinéastes chinois évoquent volontiers l'homosexualité féminine, comme dans "Les Filles du botaniste" (2006), de Dai Sijie, la censure de Pékin frappe régulièrement ceux qui osent aborder ce sujet sensible. C'est donc seulement sous le manteau que les homosexuels chinois ont pu voir "Le Secret de Brokeback Mountain", censuré en Chine malgré les suppliques du réalisateur taïwanais Ang Lee.

- Un article de Douglas Ireland pour Bakchich.info sur les rafles pré-JO de Pékin: http://www.bakchich.info/article3262.html
- Un article de Xiao Long pour Bakchich.info sur les lesbiennes chinoises qui se rebiffent: http://www.bakchich.info/article4278.html
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