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lundi 4 février 2013

PMA: les lesbiennes s'énervent


Les lesbiennes seront-elles les grandes oubliées du débat sur le mariage pour tous? Les cafouillages et atermoiements du gouvernement sur la question de de l'accès à la PMA (procréation médicalement assistée) pour les couples de femmes commencent en tout cas à sérieusement les agacer.


Dans un communiqué publié ce lundi, les lesbiennes du collectif "oui oui oui" font part de leur "colère après les dernières reculades du gouvernement". Certes, un pas de géant a été franchi samedi 2 février avec l'adoption -par 249 voix contre 97- de l'article 1er du projet de loi, qui ouvre enfin le mariage aux couples de même sexe. Mais la situation est nettement plus confuse sur la question de la PMA.


Ayrault fait marche arrière


Après avoir annoncé que le sujet, faute d'être examiné dans le cadre du projet de loi sur le "mariage pour tous" actuellement en débat à l'Assemblée nationale, serait inclu dans une loi sur la famille présentée en conseil des ministres le 27 mars, le Premier ministe Jean-Marc Ayrault a fait marche arrière ce week-end. Finalement, il faudra attendre l'avis du comité national consultatif d'éthique, qui ne devrait pas intervenir avant plusieurs mois. Le chef du gouvernement ne s'engage plus désormais que sur un texte avant la "fin 2013", et ne se prononce pas sur le fond.

Or, le comité d'éthique avait rendu, en 2005, un avis défavorable à l'accès à la PMA pour les couples d'homosexuelles: ces techniques sont "destinées à résoudre un problème de stérilité d’origine médicale et non à venir en aide à une préférence sexuelle ou à un choix de vie sexuelle", arguait-il alors. "L’ouverture de l’AMP à l'homoparentalité ou aux personnes seules ouvrirait de fait ce recours à toute personne qui en exprimerait le désir (...) La médecine serait simplement convoquée pour satisfaire un droit individuel à l’enfant", estimait-il. Du coup, il y a de quoi être inquiètes...

"Le Premier ministre a renié à la fois sa ministre de la famille, ses engagements envers le groupe PS et les engagements de François Hollande devant ses électeurs, y compris ses électeurs homos", s'indigne dans un communiqué le collectif "oui oui oui", qui demande à être reçu par Jean-Marc Ayrault "pour lui faire part de cette colère et lui réitérer ses attentes". "L'égalité ne se divise pas, l'égalité n'attend pas. La PMA, c'est tout de suite!", prévient-il.

Hollande s'était dit pour la PMA


"L'ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes est un engagement de campagne de François Hollande et du Parti Socialiste", estime aussi l'inter-LGBT dans un communiqué. L'enjeu est de taille pour les couples de femmes, puisque la "majorité" d'entre elles "fondent une famille en réalisant une PMA dans l’un des 11 pays européens qui leur en permet l'accès", rappelle le collectif, qui réclame "des clarifications et des explications de la part du Premier ministre".

La PMA pour les lesbiennes ne figure pas noir sur blanc dans l'engagement 31 du candidat Hollande, qui n'évoque que l'ouverture du mariage et du droit à l'adoption aux couples homosexuels. Mais les porte-paroles du candidat, puis François Hollande lui-même dans une interview à Têtu fin avril s'étaient engagés en faveur de la PMA.

Lorsque le projet de loi sur le mariage pour tous avait été dévoilé en septembre dernier, coup de tonnerre: la PMA n'y figurait pas. Les députés socialistes et écologistes sont alors montés au créneau pour prévenir qu'ils comptaient déposer et défendre un amendement sur le sujet. Le gouvernement hésite alors: car si une partie de la majorité est déterminée, de nombreux députés socialistes freinent des quatre fers, et l'opinion est divisée. François Hollande, lui, reste ambigü, se contentant d'affirmer que le "Parlement est souverain", sans soutenir explicitement la PMA.

Au final, le gouvernement était parvenu à calmer la rébellion parlementaire en promettant d'intégrer la PMA à une loi sur la famille prévue -promis, juré- pour le 27 mars. C'était avant que le chef de l'Etat annonce son intention de saisir le comité consultatif d'éthique, provoquant un beau pataquès au sein du gouvernement, les déclarations contradictoires s'étant multipliées tout le week-end. Une chose est désormais claire: le sujet est renvoyé à plus tard, beaucoup plus tard. A la saint-glinglin?