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mercredi 8 juin 2011

Une blogueuse lesbienne enlevée en Syrie

Ouvertement lesbienne dans un pays qui emprisonne les homosexuels, Amina Arraf s'était rendue célèbre ces dernières semaines en dénonçant haut et fort la répression sanglante en Syrie, témoignant des manifestations auxquelles elle participait et des violences des autorités syriennes.

Sur son blog, "a gay girl in Damascus" (une lesbienne à Damas), cette professeur d'anglais de 35 ans qui a longtemps vécu aux Etats-Unis réclamait ouvertement la démocratie et le départ du président Bachar el-Assad. Lundi 6 juin, trois hommes armés l'ont kidnappée alors qu’elle se rendait à un rendez-vous à Damas avec une amie, a annoncé sa cousine sur le blog. Elle a été poussée à bord d'une Logan Dacia de couleur rouge arborant, sur une des vitres, un autocollant de Basel al-Assad, le frère du président Bachar al-Assad, mort en 1994. "Amina a frappé l'un des hommes et a crié à son amie de prévenir son père", raconte cete proche. Depuis, ses proches sont sans nouvelles, et la Toile est en émoi. Une page Facebook a été créée pour réclamer sa libération.


Sur son blog, Amina, qui avait décidé de revenir en Syrie il y a un an, revendiquait son homosexualité dans un pays où elle est illégale. "Ils n'exécutent plus les gays ici, même si les hommes surpris dans des parcs sont toujours enmprisonnés, témoignait-elle. Nous n'en sommes pas encore à Stonewall, mais nous somme à mi-chemin de sortir de l'obscurité".

Avec le début des troubles en Syrie, qui ont suivi les révolutions tunisiennes et égyptiennes, elle milite en faveur de la démocratie. "Ce sera leur épitaphe: ils ont perdu parce qu'ils ne pouvaient pas changer", écrit-elle. Des écrits qui lui valent, déjà, la visite le 26 avril dernier d'hommes armés, venus l'arrêter pour "conspiration contre l'Etat". Son père parvient à les en dissuader, même si les deux hommes ne cachent pas leur haine des homosexuels. "Peut-être qu'on devrait te montrer maintenant ce que c'est que des vrais hommes et laisser ton père regarder", lui lancent-ils. Début mai, une nouvelle visite des forces de sécurité l'oblige à se cacher.

Sur son blog, Amina expliquait que chaque vendredi, avant d'aller à la mosquée -où nombre d'opposants ont été arrêtés- elle "coupait (s)es ongles plus courts que d'habitude au cas où je serais capturée et qu'ils voudraient me les arracher".

Elle écrivait aussi "(s)on nom et (s)es numéros de télépone sur (s)on bras (...) Ainsi, si je suis morte, avant de me laver et de me mettre dans un linceul, j'aimerais que quelqu'un sache qui je suis et le dise au monde (...) J'espère que je perds mon temps avec tout ça (..) et que c'est quelque chose dont je rirai bientôt. Mais je ne peux pas en être sûre. Aujourd'hui ou demain pourraient être les derniers jours pour moi... ou le premier jour d'une nouvelle Syrie".

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