On se croirait dans les années 1970, quand Ménie Grégoire évoquait "l'homosexualité, ce douloureux problème". Sauf qu'il s'agit d'homoparentalité, et qu'en 2010 ce sont des lycéens qui alignent les clichés: "l'enfant ne saura pas qui appeler papa ou maman", les parents homos "ne sauront pas éduquer leurs enfants", et même, horreur suprême, l'enfant "peut devenir homosexuel".
Le sang de SOS Homophobie n'a fait qu'un tour, et l'association a interpellé les responsables du lycée Robert-Schuman du Havre sur leur responsabilité de contrôle des publications du journal Web de l'établissement, en proposant d'intervenir "auprès du corps éducatif et des élèves" pour remédier à leur méconnaissance de l'homoparentalité.
L'article publié le 19 novembre (voir copie d'écran) était accompagné d'une mention selon laquelle il s'agissait d'un "exercice argumentatif qui n'engage pas l'opinion des élèves". Il a été rapidement retiré du site, remplacé par un message d'excuses invoquant un "incident technique" qui "n'a pas permis de mettre en ligne l'intégralité d'un article contradictoire sur la lutte contre l'homophobie". Ce n'est que "l'édition partielle d'un travail d'élèves sur les discriminations", insiste l'équipe de direction, qui n'a pas pu être jointe par téléphone lundi.
On veut bien croire à un incident technique de publication -que celle qui n'a jamais "balancé" un bout d'article par erreur jette la première pierre- et que les arguments positifs allaient suivre, mais SOS Homophobie estime que la vigilance aurait probablement été plus grande si l'"exercice argumentatif" avait porté sur un autre motif de discrimination que l'homosexualité, comme l'égalité homme-femme ou le racisme.
Pour l'association, qui a été alertée par une enseignante sur sa ligne d'écoute, "cette affaire montre, une fois de plus, la nécessité que l'Education nationale se saisisse pleinement du sujet et mette les moyens nécessaires à la lutte contre l'homophobie dans les établissements, et plus globalement à quel point il est urgent que l'Etat et la société française reconnaissent l'homoparentalité comme une réalité familiale semblable aux autres".
Le président de SOS Homophobie, Bartholomé Girard, a déclaré à LToutes qu'à la suite de l'incident Robert-Schuman, des enseignants avaient contacté l'association pour témoigner "du problème qu'ils rencontrent du fait du manque de moyens pour informer sur les sujets LGBT" au collège et au lycée.
- Ligne d'écoute Azur de SOS Homophobie: 0810.108.135
- Ligne Azur pour les ados qui s'interrogent sur leur orientation sexuelle: 0810.20.30.40
- Page Web du ministère de l'Education nationale sur la lutte contre l'homophobie en milieu scolaire:
- Brochure "L'homophobie, savoir et réagir".
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