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samedi 5 avril 2014

Démission du PDG de Mozilla: victoire LGBT ou scandale?



Le PDG de Mozilla, Brendan Eich, a démissionné sous la pression des partisans du mariage gay qui lui reprochent d'avoir financé l'opposition à cette mesure en Californie. Victoire progressiste, recul de la liberté d'expression ou logique commerciale?

La situation est insolite: les salariés s'expriment ouvertement sur le Web, c'est le patron qui est poussé dehors par les employés, l'homophobe qui trinque, et l'ouverture d'esprit qui prime. Le "Mozillagate" réflète toutes les contradictions et la richesse de la principale organisation mondiale de promotion du logiciel libre.

Dès la nomination du PDG le 24 mars, l'ingénieur Chris McAvoy et d'autres salariés de Mozilla ont critiqué via Twitter ou des blogs le choix d'un conservateur qui a versé 1.000 dollars à la campagne de 2008 contre le mariage des couples homosexuels en Californie. L'adoption de la Proposition 8 avait mis fin à quelques mois de légalisation du mariage gay, qui n'a été rétabli par la justice qu'en 2011.



"Je regrette d'avoir fait souffrir"


Brendan Eich a dans un premier temps répondu qu'il défendrait les valeurs de Mozilla en faveur de l'égalité et demandé à être jugé "sur les actes, pas les paroles". "Mozilla est et restera un endroit qui inclut et soutient tout le monde, quelle que soit l'orientation sexuelle, l'identité de genre, l'âge, la couleur, l'origine ethnique, le statut économique ou la religion", a-t-il assuré.

Le nouveau PDG, co-fondateur de Mozilla, directeur de la Technologie et inventeur du langage de programmation JavaScript, a "regretté d'avoir fait souffrir" les couples homosexuels exclus du mariage sans dire s'il avait changé d'avis depuis 2008. La polémique a continué à enfler et Eich a rendu son tablier le 3 avril.

Mozilla fait son mea culpa


"Nous n'avons pas réagi assez vite", a reconnu Mitchell Baker, présidente exécutive de Mozilla, ajoutant que "Mozilla croit à la fois dans l'égalité et la liberté d'expression" mais qu'"il peut être difficile de savoir comment défendre les deux en même temps".

Ce sont les consommateurs qui ont fait pencher la balance, en menaçant de boycotter Firefox. Le site américain de rencontres OkCupid a ainsi appelé ses clients à changer de navigateur pour protester contre un PDG qui "s'oppose à l'égalité des droits pour les couples homosexuels". De son côté, Mozilla rappelait dans un communiqué qu'il "soutient l'égalité pour les LGBT".

L'égalité au centre du système Mozilla


L'égalité est en effet la valeur centrale de Mozilla, éditeur de logiciels participatifs en open source, par opposition aux systèmes propriétaires comme le navigateur Internet Explorer de Microsoft. Utiliser Firefox relève donc pour beaucoup d'une démarche militante qui s'étend à la défense de l'égalité des droits, notamment pour les LGBT.

Dans ce contexte, Mozilla pouvait difficilement maintenir un PDG aux opinions apparemment incompatibles avec les valeurs fondamentales de l'entreprise, au détriment de son image. Surtout à l'heure où Firefox doit affronter une concurrence impitoyable sur le mobile pour assurer son avenir.

Opinion ou homophobie?


La liberté d'expression a-t-elle été sacrifiée sur l'autel de la logique commerciale? Des conservateurs crient à la dictature gay qui empêcherait un citoyen d'exprimer des opinions personnelles, et des personnes LGBT elles-mêmes s'indignent de ce qu'elles considèrent comme un renversement de la chasse aux sorcières.


D'autres au contraire se félicitent du départ de Brendan Eich en rappelant que les opposants au mariage gay luttent contre l'égalité des droits des LGBT: ils défendent donc une discrimination fondée sur l'homophobie, et non une simple opinion.

Erin Kissane, directrice de contenu chez @OPenNews, expose pour sa part son dilemme en tant que queer et militante de la liberté d'expression, dans un billet posté sur son blog. Si elle refuse de lyncher Eich, elle fait un parallèle entre l'opposition au mariage gay et la ségrégation raciale qui aurait interdit le mariage de sa mère et de son beau-père avant 1967...

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