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dimanche 8 avril 2012

Laurel Holloman: "Peindre, c'est comme une obsession"



Le local de son exposition de peinture est encore fermé alors qu'il devait ouvrir à 10h, un petit vent glacial se tortille dans la rue étroite donnant sur le Panthéon, mais Laurel Holloman avance avec grâce pour saluer tout sourire les quelques fans de "Tina-de-L-Word" qui l'attendent déjà devant la salle.

Emmitouflée dans son gilet matelassé orange et son blouson de cuir noir d'où dépasse un long t-shirt asymétrique, jean savamment élimé rentré dans de hautes bottes cavalières, elle relève ses lunettes fumées sur ses cheveux blond-roux attachés et prend la pose pour quelques photos rapides.

On ne reconnaîtrait pas "Tina" en la croisant dans la rue et pourtant il émane de Laurel Holloman cette même impression de "soft power", ce mélange de détermination et de douceur qui se dégageait de son personnage dans "L Word".







"Je suis très heureuse, très reconnaissante" d'avoir participé à 'L Word'", confie-t-elle à LToutes, car "c'était une série très novatrice". "Au début, c'était juste un rôle. C'est plus tard que j'ai vu l'effet que cela produisait. J'en suis fière mais je n'y pense plus trop maintenant. Je suis à ce que je fais, et c'est la peinture."

Le mot est lâché et son visage s'illumine. Revenue à ses premières amours après avoir tourné la page de "L Word" et de son mariage, cette ex-étudiante en art présente une quinzaine de toiles à la mairie du Ve arrondissement de Paris. L'exposition s'intitule "Coeur libre": tout un programme.

"La peinture, c'est ma passion. C'est comme être amoureuse. Je n'étais pas amoureuse du métier d'actrice, ou peut-être quand j'étais plus jeune. Mais c'était plutôt devenu un boulot", explique-t-elle. Elle s'avoue plus attirée par "le cinéma indépendant" et les films européens, "plus visuels", citant "Trois couleurs/Bleu/Blanc/Rouge" de Krzysztof Kieslowski, "Le Scaphandre et le papillon" de Julian Schnabel, Elodie Bouchez, Isabelle Huppert, Juliette Binoche, Catherine Deneuve ou Daniel Auteuil.







"Quand je peins, je suis plus moi-même. Il y a des moments dans la vie où on ne sait pas exactement pourquoi mais on ressent quelque chose de tellement fort qu'on ne peut pas y résister. C'est ce qui se passe pour moi. C'est comme une obsession", s'enthousiasme Holloman, ponctuant ses phrases de longs gestes.

"Initialement, je m'étais donné 18 mois pour voir comment je le vivrais, si je reviendrais (sur les plateaux) mais maintenant que j'ai mon studio, des expositions, je n'ai plus le temps et ça ne me manque pas. C'est ce que ça m'a appris", poursuit-elle, avant de lâcher dans un souffle: "En fait, si j'avais une baguette magique, je ne reviendrais jamais au métier d'actrice."

Ses peintures sont "grandes, abstraites", "la couleur a une énorme importance". "Je peins six ou sept couches, voire plus. Une grande partie du message de cette exposition est dans la dualité de presque toutes les toiles. Chacune est un tableau sur un autre tableau. Moi, je les regarde et je sais ce qu'il y a dessous."







"Les peintures du dessous ont plus de texture et cette texture de la première peinture transparaît dans la seconde, plus fondue, elles se complètent, la première tente de se frayer un chemin vers la surface...", décode Holloman, qui se sent notamment influencée par des artistes comme Mark Rotko, Gerhard Richter, Susan Rothenberg ou Willem de Kooning.

Si elle peint pendant des heures d'affilée, elle "aime les peintures où on voit le coup de brosse, que c'est une décision résolue et qu'on s'y tient. Je suis plutôt perfectionniste: quand je vois mes tableaux, je voudrais les changer, mais je me retiens".

Présente à paris pour la première semaine de son exposition avant de regagner Los Angeles, elle s'est promenée dans la ville, a retrouvé des amis et visité le musée Rodin, qu'elle connaissait déjà, pour admirer une fois de plus les esquisses du maître. "C'est superbe, tellement sensuel. Erotique. Ca me coupe le souffle."

"Je ne pense pas revenir au métier d'actrice. J'ai encore beaucoup, beaucoup de travail à faire sur ma peinture", insiste Laurel Holloman. Pour autant, elle ne ferme pas totalement la porte aux studios: "Si j'avais atteint un niveau qui me permette de choisir de très, très, très bons films..."



- Exposition "Coeur libre"/"My Heart is Free" de Laurel Holloman;
- Du 04 au 21 avril 2012; du lundi au vendredi de 10h à 18h et le samedi de 10h à 13h;
- Mairie du Ve arrondissement, 21, place du Panthéon, 75005 Paris. RER Luxembourg.
- Laurel Holloman Studio

(Photos LToutes sauf Red Rain DR et site de la mairie)