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mardi 11 octobre 2011

Travail: lesbienne out mais pas trop



Je viens de postuler pour un emploi. J'ai mentionné mon expérience professionnelle, mon poste actuel, mes compétences... mais pas mon travail sur LToutes. Parce que j'ai craint d'être étiquetée "LESBIENNE" et que ma candidature aille directement à la poubelle. Lâcheté ou lucidité?

Si je tenais un blog de recettes de cuisine ou sur les jeux vidéo, je l'aurais signalé pour illustrer ma maîtrise rédactionnelle et technique du Web, ç'aurait été une évidence. Mais cela n'aurait révélé qu'un aspect de ma personnalité, pas quelque chose d'aussi intime et central dans la vie que l'orientation sexuelle.





Jusqu'ici, j'ai toujours été recrutée par des hommes, blancs, âgés d'au moins 50 ans. Statistiquement, une femme part déjà avec un handicap, alors une lesbienne? On m'a déjà demandé si j'avais des enfants ou l'intention d'en avoir: pose-t-on systématiquement ces questions à un homme?

Je n'ai jamais caché mon homosexualité à mes collègues, ce qui m'a parfois valu des remarques lourdingues sur mon intérêt pour les sujets LGBT ou la condition de la femme, mais ces remarques étaient souvent plus sexistes qu'homophobes...

Pourtant j'éprouve toujours une certaine apréhension à m'"avouer" lesbienne à un inconnu. J'ai intégré les combines du langage sans sexe pour éviter de dire que je vis avec une femme, je n'embrasse pas ma compagne sur la bouche dans mon quartier pas franchement du Marais, et j'attends l'entretien d'embauche pour voir si je peux mentionner LToutes au recruteur, au risque de faire l'impasse sur des compétences qui pourraient me donner l'avantage sur d'autres candidat(e)s.





Aux Etats-Unis, un chercheur d'Harvard a montré qu'un candidat mentionnant dans son CV avoir été trésorier d'une association étudiante LGBT avait 40% de chances en moins d'obtenir un entretien d'embauche qu'un autre qui se contentait d'évoquer une expérience dans une organisation "progressiste".

Et selon l'association "L'Autre cercle", 67% des LGBT ne souhaitent pas être visibles au travail de crainte de conséquences négatives (voir LToutes, 11/02/2011). Ils étaient 74% en 2006, il y a du progrès. Mais près d'un cinquième des LGBT considèrent encore aujourd'hui que le climat de leur entreprise leur est hostile: j'ai honte, mais mon CV-vérité attendra.