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vendredi 10 juin 2011

Amina, héroïne ou mystificatrice?

Y'a-t-il réellement "une lesbienne à Damas" ("a gay girl in Damascus", titre du blog d'Amina Arraf)? Comme nous l'écrivions le 8 juin sur LToutes, cette blogueuse a été enlevée par les autorités syriennes, selon une personne se présentant sur son blog comme sa cousine.

Seulement voilà, depuis cette "disparition", le doute grandit sur l'identité réelle d'Amina. Il s'avère en effet que personne -journaliste, blogueur, militant, ou ami d'Amina- ne semble l'avoir jamais rencontrée directement. Même les médias qui ont fait un portrait d'elle, comme le journal britannique The Guardian n'ont pu échanger que par mail.

La photo publiée dans plusieurs médias et sur Internet est en fait celle d'une Britannique qui a dénoncé le vol de cette image sur son compte Facebook. Par ailleurs, les autorités américaines ne parviennent pas à retrouver la trace de sa naissance aux Etats-Unis.


Ce blog, qui décrivait la vie d'une lesbienne à Damas et réclamait la démocratie en Syrie en dénonçant la violence de la répression des autorités, est-il une fiction? Ou Amina se protège-t-elle derrière une fausse identité dans un pays qui réprime impitoyablement les militants démocrates? "Beaucoup de gens en Syrie sont forcés de recourir à de fausses identités pour se protéger", soulignent les responsables de la page Facebook de soutien à Amina. "Nous ne pouvons pas confirmer son identité, mais nous pensons qu'il est possible que l'auteure de ce blog soit effectivement en prison. Il est donc important de continuer à la soutenir". Depuis "l'enlèvement" et le début de la polémique, le blog, lui, est resté silencieux.

mercredi 8 juin 2011

Une blogueuse lesbienne enlevée en Syrie

Ouvertement lesbienne dans un pays qui emprisonne les homosexuels, Amina Arraf s'était rendue célèbre ces dernières semaines en dénonçant haut et fort la répression sanglante en Syrie, témoignant des manifestations auxquelles elle participait et des violences des autorités syriennes.

Sur son blog, "a gay girl in Damascus" (une lesbienne à Damas), cette professeur d'anglais de 35 ans qui a longtemps vécu aux Etats-Unis réclamait ouvertement la démocratie et le départ du président Bachar el-Assad. Lundi 6 juin, trois hommes armés l'ont kidnappée alors qu’elle se rendait à un rendez-vous à Damas avec une amie, a annoncé sa cousine sur le blog. Elle a été poussée à bord d'une Logan Dacia de couleur rouge arborant, sur une des vitres, un autocollant de Basel al-Assad, le frère du président Bachar al-Assad, mort en 1994. "Amina a frappé l'un des hommes et a crié à son amie de prévenir son père", raconte cete proche. Depuis, ses proches sont sans nouvelles, et la Toile est en émoi. Une page Facebook a été créée pour réclamer sa libération.


Sur son blog, Amina, qui avait décidé de revenir en Syrie il y a un an, revendiquait son homosexualité dans un pays où elle est illégale. "Ils n'exécutent plus les gays ici, même si les hommes surpris dans des parcs sont toujours enmprisonnés, témoignait-elle. Nous n'en sommes pas encore à Stonewall, mais nous somme à mi-chemin de sortir de l'obscurité".

Avec le début des troubles en Syrie, qui ont suivi les révolutions tunisiennes et égyptiennes, elle milite en faveur de la démocratie. "Ce sera leur épitaphe: ils ont perdu parce qu'ils ne pouvaient pas changer", écrit-elle. Des écrits qui lui valent, déjà, la visite le 26 avril dernier d'hommes armés, venus l'arrêter pour "conspiration contre l'Etat". Son père parvient à les en dissuader, même si les deux hommes ne cachent pas leur haine des homosexuels. "Peut-être qu'on devrait te montrer maintenant ce que c'est que des vrais hommes et laisser ton père regarder", lui lancent-ils. Début mai, une nouvelle visite des forces de sécurité l'oblige à se cacher.

Sur son blog, Amina expliquait que chaque vendredi, avant d'aller à la mosquée -où nombre d'opposants ont été arrêtés- elle "coupait (s)es ongles plus courts que d'habitude au cas où je serais capturée et qu'ils voudraient me les arracher".

Elle écrivait aussi "(s)on nom et (s)es numéros de télépone sur (s)on bras (...) Ainsi, si je suis morte, avant de me laver et de me mettre dans un linceul, j'aimerais que quelqu'un sache qui je suis et le dise au monde (...) J'espère que je perds mon temps avec tout ça (..) et que c'est quelque chose dont je rirai bientôt. Mais je ne peux pas en être sûre. Aujourd'hui ou demain pourraient être les derniers jours pour moi... ou le premier jour d'une nouvelle Syrie".