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samedi 16 mai 2009

Moscou: la Gay Pride violemment dispersée par la police



Les quelques militants qui avaient bravé l'interdiction du gouvernement russe pour manifester à Moscou en faveur des droits des homosexuels ont été violemment dispersés ce samedi 16 mai par la police, à quelques heures de la finale du concours de l'Eurovision.

Selon le site d'information "Pinknews", entre 20 et 40 manifestants ont été arrêté par la police anti-émeute. Ils n'étaient pas nombreux, car il faut beaucoup de courage pour participer à une Gay Pride à Moscou. Le maire de la ville Iouri Loujkov avait qualifié l'homosexualité de "satanique" et les Gay Pride, systématiquement interdites ces dernières années, se sont toutes soldées par des violences.

Parmi les personnes arrêtées samedi figurent le défenseur britannique des droits des gays Peter Tatchell, et le co-organisateur de la "slavic pride" Nikolaï Alekseev. Celui-ci a dénoncé dans un communiqué la "brutalité policière" et a appelé les artistes de l'Eurovision à boycotter l'événement en soutien à la cause des lesbiennes et des gays. "Le gouvernement russe utilise l'Eurovision pour montrer au monde comment la Russie a changé depuis les années 1990. Mais ce que nous avons vu cet après-midi dans les rues de Moscou montre que la Russie n'a pas beaucoup évolué quand il s'agit de défendre les droits fondamentaux", souligne-t-il.

Ces violences interviennent à la veille de la Journée internationale contre l'homophobie. Une "baltic pride" était aussi prévue ce samedi à Riga, en Lettonie, la tentative de la mairie de l'interdire ayant été cassée par la justice lettone.

"Ce n'est pas l'homosexualité qui est immorale, c'est l'homophobie"


(article actualisé après annonce française sur la transsexualité)

"Ce n'est pas l'homosexualité qui est immorale, c'est l'homophobie", écrit le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Terry Davis, dans un communiqué diffusé à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie, plus particulièrement consacrée cette année à la transphobie.

Le ministère français de la Santé dirigé par Roselyne Bachelot a de son côté annoncé qu'il avait demandé à la Haute autorité de Santé (HAS) de retirer la transsexualité de la liste des maladies mentales. Louis-Georges Tin, président du Comité IDAHO (International day against homophobia and transphobia), a salué "cette décision historique" en soulignant que la France était le premier pays du monde à franchir ce pas.

"Je condamne les actes violents homophobes des skinheads, mais je m'inquiète plus encore des convictions des dirigeants de certains partis politiques", explique pour sa part Terry Davis, pour qui "on ne peut accepter que des personnes investies d'une autorité officielle ou morale en Europe se conduisent encore comme si la Convention européenne des droits de l'Homme ne s'appliquait pas aux homosexuels".

"Les auteurs de discrimination invoquent souvent les valeurs morales pour justifier leur comportement", poursuit le chef du Conseil de l'Europe, concluant que "c'est très bien de défendre les valeurs morales, mais ils se trompent complètement. Ce n'est pas l'homosexualité qui est immorale, c'est l'homophobie".

Terry Davis rappelle qu'"il a fallu attendre 1990 pour que l'Organisation mondiale de la santé retire l'homosexualité de sa liste des maladies mentales" et que, "il y a quelques années encore, l'homosexualité était toujours considérée dans plusieurs pays d'Europe comme une infraction criminelle".

Après la Deuxième guerre mondiale, souligne aussi M. Davis, des homosexuels revenus des camps de concentration nazis ont dû purger leur peine de détention après leur libération. "Cette réaction s'inscrivait dans la logique de la discrimination profonde dont étaient victimes les homosexuels à cette époque en Europe, discrimination qui a continué de s'exercer à leur égard pendant les décennies qui ont suivi". En France, l'homosexualité a été dépénalisée en 1982.

jeudi 14 mai 2009

Vanneste: Act Up-Paris saisit la Cour européenne


Act Up a décidé de porter plainte contre la France auprès de la Cour européenne des droits de l’homme pour contester l'arrêt de la Cour de cassation qui avait blanchi Christian Vanneste. Avec cet arrêt, "la France expose les homos à des traitements inhumains et dégradants", estime en effet l'association dans un communiqué publié mercredi 13 mai.

Le 12 novembre 2008, la Cour de cassation avait annulé la condamnation du député UMP Christian Vanneste pour injures homophobes, estimant que les propos de celui-ci -"l’homosexualité est inférieure à l’hétérosexualité" ou "dangereuse pour la survie de l'humanité"- relevaient de la liberté d’expression.

"C’est un précédent à même de conduire à une jurisprudence pour le moins embarrassante, qui autoriserait ainsi à dire que "les NoirEs sont inférieurs aux BlancHEs" ou "que les JuifVEs sont une menace pour la survie de l’humanité", note Act Up. Cette plainte est aussi "l’occasion d’interpeller publiquement les juges de la Cour de cassation sur leurs responsabilités face à l’augmentation des agressions homophobes".

Car "lorsque ces magistrats tolèrent dans le débat public des propos comme "l’homosexualité est une menace pour la survie de l’humanité", il ne faut pas s’étonner que des personnes (..) prennent cette expression au pied de la lettre et passent à l’acte".

Une lesbienne sur trois victime d'agression au travail


Un tiers des lesbiennes disent avoir subi des agressions d'une manière ou d'une autre sur leur lieu de travail, selon une étude de l'Autre cercle-Ile de France qui pointe la double discrimination -le "double plafond de verre"- qu'elles vivent trop souvent, en tant que femmes et en tant qu'homosexuelles.

L'association a interrogé 630 femmes de 26 à 45 ans et de tous les milieux (cadres, ouvrières, employées, professions libérales, ingénieures..), via un questionnaire diffusé sur le web entre octobre 2007 et octobre 2008. Résultat: 52% disent subir au moins une des deux discriminations, homophobe ou sexiste, sur leur lieu de travail, et 22% vivent les deux.

Un tiers ont déjà subi une agression: 21% des blagues ou remarques déplacées, 9% une mise à l'écart, 2% des insultes et 1% des violences physiques. Avec pour conséquences, une déprime ou une dépression pour 31%, voire la démission pour 7%.

Plus de la moitié des victimes -57%- ont pourtant préféré se taire et n'ont pas signalé l’incident ni sollicité aucune aide. Et quand elles ont voulu donner suite, il ne s'est finalement rien passé pour l'agresseur dans la grande majorité des cas (68%).

"Pour éviter toute polémique et suite aux nouvelles règles relatives au harcèlement au travail, certaines entreprises n'hésitent pas à négocier une transaction en déplaçant l'agressée, une façon d’éviter de devoir traiter le fond du problème", accuse l'Autre cercle. "D'autres entreprises minimisent la plainte, voire la nient".

Du coup, l'immense majorité des lesbiennes préfèrent rester invisibles au travail: seules un tiers des répondantes ne se cachent pas. "Il faut bien admettre qu’une simple affirmation de soi semble difficile sur son lieu de travail lorsqu’on est femme et homosexuelle", regrette l'association.

Homophobie: 2008 mitigee, la lesbophobie en lumiere


Juste avant la Journée internationale contre l'homophobie le 17 mai 2009, SOS Homophobie tire le bilan d'une année 2008 "en demi-teinte", avec "de réelles avancées dans certaines politiques de lutte contre l'homophobie" mais "aussi une stagnation dans la mise en place d'actions positives sur des aspects pourtant préoccupants" comme l'homophobie -et surtout la lesbophobie- au travail.

A noter, le travail important réalisé par SOS Homophobie sur la lesbophobie, longtemps ignorée mais qui représente tout de même un cinquième des témoignages apportés à l'association. Sexisme et homophobie, c'est la double peine pour les lesbiennes, qui témoignent de brimades, discrimination au travail, insultes, agressions physiques, voire viols (LToutes reviendra plus en détail sur ce rapport aux enseignements passionnants).

Plus généralement, l'association constate dans son rapport annuel -qui existe depuis 1997- des résultats mitigés sur les deux axes prioritaires qu'elle s'était fixés: l'homophobie chez les jeunes et dans le travail. Pour les jeunes, la situation a enfin progressé mais les autorités ne doivent pas "s'endormir sur leurs lauriers", estime l'association, tandis que pour le travail, la situation ne change guère et les grandes déclarations sont plus nombreuses que les actes. "Si le combat pour la visibilité des homosexuel-le-s semble bien engagé, celui de la visibilité de l'homophobie reste d'actualité."

"Si l'homosexualité semble globalement un peu mieux acceptée dans la société, ce phénomène semble s'inverser chez les jeunes", constate SOS Homophobie, qui s'inquiète d'un éventuel "retour en force de la haine" quand ces adolescents seront adultes.

Après des années de sourde oreille, en 2008, les ministères de la Santé et de l'Education nationale ainsi que des collectivités locales ont enfin mis en place des politiques et pris des positions claires sur l'"urgence de prévenir l'homophobie chez les jeunes", mais les autorités doivent "maintenir ou renforcer les actions positives engagées", estiment les rapporteurs.

En ce qui concerne l'homophobie au travail, cas le plus fréquent parmi ceux qui sont soumis à SOS Homophobie, "force est de constater que la loi n'a pas toujours d'impact significatif sur les délits", déplore l'association. "La modification du droit du travail ne semble pas avoir fait régresser les agressions et discriminations en raison de l'orientation sexuelle dans le milieu professionnel" et par rapport à ses voisins européens "la France semble creuser son retard".

"En 2008, nous avons constaté une quasi-absence de programmes et de politiques allant dans ce sens, que ce soit de la part des entreprises, des syndicats ou des pouvoirs publics", précise SOS Homophobie. "Si l'on peut entendre de belles prises de position sur la lutte contre toutes les discriminations (...), les initiatives concrètes restent sporadiques". "On ne voit apparaître
que des 'mesurettes', essentiellement centrées sur les droits des pacsés et tournant radicalement le dos à la lutte contre l'homophobie
."

L'association impute cette situation au "manque de visibilité des actes violents ou discriminatoires envers les homosexuel-le-s dans le monde du travail". Pression sur l'emploi, tabou, manque de relais: "si des enquêtes démontrent que ces actes sont commis chaque jour dans les entreprises et les administrations françaises, les cas qui parviennent aux directions des ressources humaines ou aux délégués syndicaux demeurent extrêmement rares". Du coup, le "déni de l'homophobie au travail" domine, malgré les recommandations de la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité) aux entreprises.

SOS Homophobie en conclut que "si le combat pour la visibilité des homosexuel-le-s semble bien engagé, celui de la visibilité de l'homophobie reste d'actualité". C'est encore plus vrai pour la lesbophobie, constate les rapporteurs: "trop souvent, l’homosexualité féminine, et les violences et discriminations que subissent les lesbiennes, sont passées sous silence".